PERSONNAGE DEBOUT

MEZCALA - Mexique

350-100 AV JC

Hauteur : 37 cm - Largeur : 9,3 cm - Epaisseur: 7 cm
Andésite verte tachetée
 
 

Ce magnifique personnage illustre à merveille le talent et la sensibilité des sculpteurs Mezcala de la région du Guerrero, passés maîtres dans l’art de donner corps et âme à la pierre à des fins rituelles et cérémonielles. Sa très belle taille, la beauté de sa pierre magnifiquement polie, aussi agréable à l’œil qu’au toucher, et son modernisme, font de cette œuvre un très bel exemple de l’art lithique de l’ouest du Mexique.

Le choix d’une pierre verte par l’artiste suffit à attester de sa très grande valeur symbolique. En effet, en Mésoamérique, les pierres de cette couleur étaient apparentées à l’eau et la Nature. Elles constituaient donc un symbole de fertilité et étaient naturellement associés aux concepts de vie et de renaissance.

Dotées de pouvoirs magiques, les œuvres de ce type n’étaient donc pas inertes pour leurs créateurs mais bel et bien vivantes et actives. On suppose qu’elles constituaient des offrandes rituelles et funéraires, enfouies dans des sépultures sous es habitations ou dans des caches votives, et que leur fonction était de rendre hommage aux ancêtres, d’accompagner leur esprit dans l’au-delà et sans doute d’intercéder auprès des puissances invisibles. 

Le crâne est déformé rituellement, une coutume répandue en Mésoamérique au sein des classes sociales dominantes et le front est fuyant, une conséquence de cette modification volontaire.

Le haut du crâne a été laissé brut par l’artiste pour montrer l’aspect du galet avant qu’il ne soit travaillé. La forme générale du corps rappelle quant à elle la fonction première de ces objets qui étaient pour partie des haches rituelles ayant progressivement pris forme humaine dans un contexte religieux et cérémoniel.

Les arcades sourcilières sont épaisses et en relief. Les yeux se résument en revanche à deux cavités peu profondes, dont la surface n’a pas été polie. Le nez est large avec une arête douce. Deux rainures de surface latérales identifient les plus sinusoïdaux. Le bas du visage descend en plan continu jusqu’au menton en pointe. La bouche est figurée par une simple rainure horizontale, dans le même esprit que les yeux. Les oreilles ne sont pas détaillées, on les devine à travers les ressauts visibles au niveau des tempes et les rainures verticales.

Le torse est rectangulaire et bombé et le dos cambré. Les bras ne sont pas figurés, à l’exception des avant-bras, sculptés en relief, sur le ventre, dans une position symbolique convergeant vers le plexus. Le ventre est rebondi. Les jambes fuselées sont légèrement arquées et séparées par une nette et profonde encoche verticale. Les pieds ne sont pas apparents.

Ce qui frappe et impressionne dans la tradition Mezcala, c’est l’unicité de chaque pièce, pourtant produites par milliers, et le fait que l’économie de moyens propre aux artistes n’enlève rien à l’expressivité de leurs créations, bien au contraire. Derrière une apparente simplicité, chaque incision, chaque entaille, chaque relief a été pensé et patiemment inscrit dans les galets extraits du lit des rivières qui sillonnent le Guerrero.

C’est là le génie de ces hommes et toute la force de leur art qui bien que très ancien apparaît étonnamment actuel. Ce qui explique sans doute l’intérêt porté à ces œuvres par les artistes du XXème siècle à l’origine du renouveau de la sculpture d’après-guerre (Brancusi, Morre, Picasso, Breton, etc).