PERSONNAGE ASSIS LES BRAS CROISÉS ET POSÉS SUR LES GENOUX

CHINESCO - Mexique

100 A.V. - 250 AP. J.-C.

  • Hauteur        : 42    cm
  • Largeur         : 22,5 cm
  • Epaisseur      : 26,8 cm

Terre-cuite brune à engobe brun-rouge, avec importantes traces de manganèse.

Sculpture anthropomorphe représentant un personnage assis, dans une attitude sereine.

Le personnage, assis à même le sol, est fortement penché vers l’avant. Ses jambes sont pliées : les pieds, posés à terre, se rejoignent pour ne former qu’un, tandis que les genoux sont ramenés vers la poitrine. Les cuisses sont larges et les fesses sont délicatement modelées. Le tronc, démesurément allongé, est aplati. Les épaules sont menues et les bras sont filiformes. Ces derniers sont pliés en formant un angle quasiment droit avec les hauts des bras arqués, ils sont placés l’un au-dessus de l’autre et posés sur les genoux. Le cou est large et soutient une belle tête angulaire de forme hexagonale. Le menton est triangulaire ; la bouche, petite et légèrement ourlée, est ouverte ; le nez est long et à peine busqué, et ses ailes sont en relief ; les yeux sont allongés, presque bridés ; les oreilles sont saillantes et le front est bombé. La tête est surmontée d’une coiffe serrée, entièrement striée afin de suggérer la chevelure, avec une petite languette arrondie qui déborde sur le haut du front et une pointe dressée sur le sommet de la tête comme une petite houppe de cheveux.

Le personnage est soigneusement mis en valeur : le corps est entièrement recouvert d’un engobe brun-rouge, tandis que les mollets sont décorés d’une bande de peinture beige bordée de noir. L’entrejambe est couvert d’un pagne évoqué par un triangle de peinture beige également. Le haut de chacun des bras est paré de cinq bracelets en relief : trois beiges, encadrés de chaque côté par un noir. Le cou est quant à lui orné de multiples colliers évoqués par des lignes noires, retombant en forme de triangles dans le dos. La tête est aussi richement parée : le nez présente un ornement nasal (appelé nariguera) composé de six boucles et les oreilles sont chacune ornées de six boucles circulaires semblables. Enfin, les joues sont décorées de lignes verticales de couleur noire, partant sous les yeux et descendant jusqu’aux os maxillaires.

Cette figurine Chinesco est tout simplement un chef-d’œuvre et se présente comme une véritable sublimation  de ce type de sculptures. L’harmonie des formes et des proportions se conjugue à l’attitude sereine du personnage pour lui conférer une remarquable puissance expressive. La composition même de la sculpture est sublime, car construite sur une structure géométrique : les bras composent un rectangle aux bords arrondis, qui repose sur un triangle inversé formé par les jambes, au travers lequel on aperçoit un autre triangle, celui du pagne. Enfin, la qualité d’exécution et l’état de conservation du personnage permettent de mettre cette beauté encore davantage en lumière et font de cette œuvre un exemplaire unique des figures Chinesco.

Le terme Chinesco désigne un style rattaché à la culture Nayarit. Cette dernière se développe dans la région correspondant à l’actuel Etat du même nom, le long de la Côte Pacifique du Mexique, entre 300 av. et 500 apr. J.-C. La poterie Chinesco est plus particulièrement associée à un territoire spécifique, dans le sud-ouest de Nayarit, autour des villages de Las Cebollas et Santiago Compostella. Son appellation, qui signifie « chinois » en espagnol, a d’abord été utilisée par les marchands qui, découvrant ces figures pour la première fois, y virent une certaine ressemblance – fortuite – avec des traits propres à l’art chinois. D’un point de vue stylistique, les figurines Chinesco se caractérisent par un tronc très allongé, des membres filiformes et un visage triangulaire ou rectangulaire aux yeux fins et effilés. Elles se distinguent également par leur sérénité et leur force expressive, comme le constate à merveille Michael Kan, un éminent conservateur : « leur calme extérieur subtil suggère, plutôt qu’il ne montre, l'émotion » (KAN, p. 21).

Une figure similaire est publiée dans l’ouvrage de Gérald Berjonneau et Jean-Louis Sonnery, Chefs-d’œuvre inédits de l’Art Précolombien, à la page 171, n°239.

Provenance :

-Ancienne collection européenne depuis 1968.

Références bibliographiques :

-M. KAN, « The Pre-Columbian Art of West Mexico: Nayarit, Jalisco, Colima », in Sculpture of Ancient West Mexico: Nayarit, Jalisco, Colima. A Catalogue of the Proctor Stafford Collection at the Los Angeles County Museum of Art, University of New Mexico Press, Albuquerque, 1989, pp. 13-27.

-From Coast to Coast. Pre-Columbian Sculptures from Mesoamerica, cat. exp., du 7 juin au 18 octobre 1992, Ballhaus am Schloß Wilhelmshöhe, Staatliche Museen, Kassel, p. 70.

-G. BERJONNEAU, J.-L. SONNERY, Chefs-d’œuvre inédits de l’Art Précolombien, Editions Arts 135, Boulogne, 1985, p. 171.