1000 – 1500 AP. J.-C.
Cette sculpture singulière est l’œuvre du peuple Taïno, qui occupaient la plupart des terres des Grandes Antilles à l’arrivée de Christophe Colomb en 1492. Elle répond au nom de duho et désigne un siège cérémoniel réservé aux chefs et aux chamans et utilisé notamment lors des cérémonies, en particulier lors du grand rituel de la cohoba. L’exemplaire ci-dessus se distingue par sa forme sobre, sans artifice, et la qualité de sa pierre polie, d’un très beau vert clair.
Il existe différents types de duhos : les duhos bas, semblables à notre œuvre, consistant en une plateforme passablement rectangulaire, arrondie aux angles, montée sur quatre pieds courts, et les duhos pourvus d’un haut dossier, fortement incliné vers l’arrière, et de quatre jambes, ressemblant davantage à un fauteuil.
La figure zoomorphe visible à l’avant porte le nom de zemís, un terme utilisé par les indiens Taïno pour identifier une entité sacrée incarnant une divinité ou l’esprit d’un ancêtre du clan. Les zemís, dont le culte était central aux Antilles, avant la conquête, se rencontrent sous une étonnante pluralité de formes : bijoux, amulettes, vases, plats, cuillères, spatules, pilons, totems, urnes funéraires et sur les sièges cérémoniels des dignitaires.
Les grands yeux circulaires, creusés et au pourtour saillant, sont l’une des caractéristiques de ces puissantes idoles, qui apparaissent souvent décharnées. Ces orbites étaient peut-être jadis incrustées de coquillage ou de feuilles d’or, comme on peut le voir sur de rares exemplaires conservés dans des musées (ci-après).
Les quatre pieds coniques qui supportent ce siège évoquent les tubercules de manioc, à la base de l’alimentation locale. Leur forme peut également symboliser le sein maternel nourricier. Cette interprétation est celle retenue s’agissant d’autres types de zemís, les zemís à trois pointes, dits aussi trigonolithes, doté d’un corps en forme de poire.