MASQUE DE FARDO FUNERAIRE

CHANCAY – Pérou

1100 – 1470 AP. J.-C

Hauteur : 29,7 cm - Largeur : 27 cm – Epaisseur : 12,7 cm

Bois, incrustation de coquillage, peinture rouge

 

Ce masque est une pièce extrêmement rare, miraculeusement sauvée par le climat désertique de la côte du Pérou qui l’aura préservée sous terre des siècles durant. Il est l’œuvre de la culture Chancay qui s’est développée sur le littoral central entre 1100 et 1500 après J.C., après l’effondrement de la civilisation Huari (550-900 ap. J.C). Son exceptionnel état de conservation, sa grande taille, ses incrustations de coquillage blanc, et son histoire même, en font une œuvre captivante, attestant de l’attrait des anciens péruviens pour le bois, avec lequel ces derniers ont réalisé quantités d’objets précieux.

Il s’agit d’un masque aux traits humains surmontant un ballot contenant la momie d’un défunt. L’embaumement des dépouilles était répandu dans les cultures andines préhispaniques. Les traces les plus anciennes de cette coutume ancestrale ont d’ailleurs été retrouvées, non pas en Égypte, mais bien des milliers d’années plus tôt, en Amérique du Sud, à la frontière du Pérou et du Chili, chez les Chinchorros, du 7e au 2e millénaire avant notre ère.

Sculptée avec soin, cette pièce respecte les codes de représentation des masques de fardo péruviens. Son visage géométrique, recouvert d’importantes traces de peinture rouge, s’inscrit dans une forme quadrangulaire et les détails physionomiques sont réduits à l’essentiel, sans intention naturaliste. Les arcades sourcilières en léger relief forment des courbes amples au-dessus de grands yeux elliptiques incrustés de coquillages blancs. À l’origine, ces orbites devaient être agrémentés en leur centre de disques de pierre ou d’éléments en résine, circulaires et foncés, représentant les pupilles.

Peut-être comportaient-ils également des touffes de cheveux, placées sous les coquilles en guise de cils, une caractéristique que l’on retrouve sur certains masques Chancay.

On notera ici l’ampleur du nez fin et aquilin, fortement projeté vers l’avant. Les plis sinusoïdaux descendant du nez à la mâchoire inférieure sont appuyés, créant une sorte de triangle dans lequel s’inscrit une bouche sans expression, signifiée par une simple rainure. D’une manière générale, la forme des yeux, du nez, de la bouche et les plis faciaux sont typiques des visages humains de l’ancien Pérou, toutes civilisations et tous supports confondus. 

Le sommet du crâne est plat – comme les côtés du visage du reste – et le front n’est pas peint. Ceci indique que ce masque devait sans doute porter une perruque de cheveux, agrémentée d’un bandeau, d’un turban ou d’un chapeau tressé.

Les tâches marron foncé visibles au niveau des pommettes ainsi que la bande claire sur l’arête du nez révèlent la présence probable d’ornements métalliques, aujourd’hui disparus.

Un court manche rectangulaire se profile sous ce visage impassible, à l’expression hypnotique. On observe cinq trous d’attache permettant sa fixation sur le ballot funéraire, deux sur chaque tranche et un autre situé au centre du front, au niveau du bord supérieur.