350 - 100 av. J.C.
Éloge de la simplicité, ce personnage debout stylisé est un très bel exemple du génie des artisans du Guerrero qui, avec une grande économie de moyens, sont parvenus à donner vie à des figures d’un modernisme achevé, empreintes, selon l’expression d’Alain Bosquet1, de « cette géométrie du mystère ».
Sculptée dans une roche verte, matière précieuse par excellence car apparentée symboliquement à l’eau et à la fertilité dans la pensée précolombienne, cette pièce faisait sans doute partie d’un groupe d’offrandes rituelles, suivant une coutume ancestrale, pleine d’espérances pour les ancêtres défunts, qui étaient censés, grâce au culte qui leur était ainsi rendu, poursuivre leur chemin au-delà de la mort et veiller depuis le monde des esprits sur les générations à venir.
Le visage ne comporte que l’essentiel : des sourcils épais légèrement inclinés et un nez long et large, formant un T, caractéristique des œuvres de l’art Chontal. Comme murés dans la pierre, les yeux, les oreilles et la bouche sont inexistants, et pourtant, ce personnage impassible est bel et bien présent, sous l’effet d’un subtil jeu d’ombres et de lumières, créant sous les arcades sourcilières, un regard profond et intériorisé. Là est son pouvoir et sa force d’attraction.
De profil, on observe que la tête penche vers l’avant et que la partie supérieure est bombée. De part et d’autre du nez, les larges joues tombent en pente douce jusqu’au bas du visage, en arc de cercle. La tête est soutenue par un large cou qui prend place sur des épaules menues et tombantes. Identifiés par une simple rainure brute, les bras sont solidaires du buste rectangulaire. Les avant-bras en relief sont repliés et les mains placées fermement sur le bas du ventre. Les jambes courtes sont unies l’une contre l’autre quasiment jusqu’aux pieds.