PERSONNAGE DEBOUT

XOCHIPALA – GUERRERO – Mexique

1150 – 900 AV. J.-C.

Hauteur : 28 cm - Largeur : 13,3 cm - Epaisseur : 7,4 cm

Terre cuite massive brun beige avec traces de peinture noire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette céramique de toute beauté est un précieux témoignage de la finesse de l’art figuratif Xochipala, l’un des plus anciens du Mexique préhispanique, qui a fleuri au Guerrero à la période préclassique. Sa qualité d’exécution démontre la profonde sensibilité des artistes de l’époque et leur remarquable aptitude à saisir un geste, une posture, un élan de vie, qui, à des siècles de distance, n’a rien perdu de sa fraîcheur.

Sa pose dynamique, ses proportions naturalistes, le modelé fort détaillé des traits du visage et sa taille exceptionnelle, classent ce personnage parmi les plus beaux exemplaires de figurines qui nous soient parvenues, sachant que les Xochipala, produites il y a plus de trois mille ans par des communautés villageoises, sont rares. À noter : la plupart des effigies se réclamant de ce style mesurent entre 15 et 22 cm. Notre personnage, du haut de ses 28 cm, constitue donc une pièce hors norme, que l’on peut aisément qualifier d’icône.

Figuré debout, les jambes légèrement fléchies, et les bras levés, ce personnage asexué mais néanmoins masculin, révèle un profond sens de l’observation chez l’artiste qui lui a donné vie et une grande attention portée aux détails anatomiques. Aucun accoutrement distinctif sur cette homme nu. En revanche, on observe un traitement poussé au niveau de la coiffure et du visage.

Les cheveux, jadis peints en noir, ont été soigneusement gravés à l’aide d’une pointe, de part et d’autre d’une raie centrale, et le contour de cette chevelure disciplinée apparaît net et en léger relief. Le visage modelé avec grand soin est également criant de réalisme. Les sourcils arqués surmontent des yeux effilés aux paupières modelées et aux iris creusées, encadrant un nez gracieux aux narines galbées. Les joues sont pleines et la courbe du visage parfaite. Les oreilles portent des parures circulaires qui suggèrent que celui-ci incarne un dignitaire, peut-être un chaman dans le cadre d’une intense cérémonie rituelle.

La bouche entrouverte arbore des lèvres fines et une moustache, un détail peu commun qui confirme que nous sommes bien en présence d’un homme et qui le rapproche de façon flagrante de la figure conservée au Princeton University Art Museum du New Jersey (ci-après) qui elle-aussi arbore une moustache, au point de nous faire penser qu’il pourrait s’agir du même homme à des âges différents.

La tête repose sur un cou bien dégagé. Les épaules arrondies se prolongent par deux bras fléchis. Le bras droit est plié avec la main devant le visage, à hauteur de la bouche, tandis que le bras gauche est complètement levé, avec la main positionnée derrière le haut de la tête, la paume orientée vers le ciel. On notera l’extrême attention portée aux mains, dont chaque doigt a été modelé avec une grande dextérité.

Le reste du corps affiche des proportions harmonieuses. L’artiste a figuré les pectoraux sur le buste et a travaillé le bas ventre de sorte qu’il apparaisse légèrement adipeux. Le trou du nombril est visible. Les jambes, légèrement écartées, présentent des cuisses et des tibias musclés et des pieds plats aux orteils bien définis. 

Preuve de l’engagement de l’artiste envers son travail, le revers du personnage est manufacturé avec la même exigence que la face. On observe ainsi les cheveux délicatement incisés, la courbe gracieuse de la nuque et des épaules, le volume des omoplates accentué par la dépression de la colonne vertébrale menant au fessier rebondi et enfin la flexion des genoux.Manifestement mÉticuleux, l’artiste n’a nÉgligÉ aucun dÉtail, y compris dans la restitution des ARTICULATIONS (coudes, genoux), des muscles, des rondeurs et des plis de la peau. C’est dire la valeur que devait revÊtir pour lui cette œuvre remarquable dont il a su brillamment capturer les traits, l’expression et la pose, au point de nous amener À imaginer qu’il s’agit d’un véritable portrait.